Carnet de bord de la ferme – Octobre 2023

17 octobre 2023

Voici la première lettre de la ferme. J’aimerais y partager avec vous ce qui fait mon quotidien dans les jardins et forêts-jardins, au rythme d’une fois par mois environ : les travaux, les trucs et astuces expérimentés ici… En espérant vous être utile !
Charles HERVÉ-GRUYER

Créer une terre fertile

Tout commence par l’humus ! Il est très peu profond dans notre vallée, on tombe vite sur les cailloux ! En explorant les sols de ce qui est devenu le Paysage de résilience, nous avions noté un endroit, dans l’ancien lit de la rivière du Bec, où la terre était très noire, tourbeuse. Potentiellement fertile, donc, mais en l’état trop acide et peu vivante. Nous y avions créé un petit champ de 500 m2, le Champ de l’étang, cultivé en traction animale. Nous y testons une technique originale pour créer de la fertilité : une fois les billons formés pour les cultures (les billons sont des petites buttes de terre créés par deux disques tirés par le cheval), nous apportons de grandes quantités de fumier pour remplir les sillons, jusqu’au sommet des billons. 200 brouettes de fumier par an pendant plusieurs années, beaucoup de travail donc, mais en récompense peu de désherbage et d’arrosage !
Depuis l’an dernier, j’observe que cette technique répétée 3 années de suite porte ses fruits : les plantes atteignent une taille et une vitalité impressionnantes. Nous récoltons, par exemple, une abondance de poireaux gros comme le bras !

Dans la mini forêt-jardin

Cette année le climat propice aux fruits a rendu la mini forêt-jardin plus productive encore. Tous les 3 jours j’y récolte un panier de framboises. Depuis l’an dernier j’ai opté pour une technique de taille des framboisiers simple et efficace : toutes les tiges sont coupées au ras du sol en hiver, sans distinction entre celles qui ont porté des fruits ou pas. Je n’ai de ce fait pas de production de framboises en juin et juillet, mais à cette période il y a plein d’autres petits fruits (groseilles, cassis…). La production est par contre beaucoup plus abondante en septembre et octobre, période où il n’y a plus d’autres baies ! Et cela facilite grandement le désherbage et la pose de paillis après la taille, en fin d’hiver.

Indispensable panier à récoltes

Une fois qu’on y a goûté, impossible de s’en passer : le panier avec une bandoulière à passer autour du cou (lanière de cuir, corde) permet de gagner un temps fou dans les récoltes car on a les deux mains libres pour cueillir ! Achetez-le au vannier le plus proche de chez vous (et si possible prenez-en plusieurs, de différentes tailles), pour contribuer à la survie de ce si beau métier.
Un petit truc si vous commercialisez les fragiles framboises : remplissez directement les barquettes en carton dans lesquelles elles seront vendues, disposées au fond du panier à récoltes, pour éviter de les manipuler plusieurs fois.

Conserver les fruits et légumes

Les fruits sont stockés dans le fruitier, une pièce aux murs de terre, sombre, fraîche et plutôt humide, pour l’hiver. Les pommes et poires sont disposées en une seule couche dans des paniers ajourés et ventilés (il faut passer régulièrement faire le tri des fruits qui s’abiment). Les pommes de terre sont également conservées au fruitier ou à la cave, en sac ou en caisses, à défaut en vrac.
Les noix et noisettes prennent place dans des paniers tenus au sec, à la maison. Les oignons, échalotes et l’ail sont étalés sur le plancher d’un grenier : ils apprécient des conditions sèches et froides, et l’obscurité bien sûr pour éviter qu’ils ne germent trop vite au printemps.

Conserves et confitures au chaudron

Cette année, avec ma fille Lila, nous avons réalisé pour la première fois de nombreuses cuissons au chaudron de cuivre, dans la cheminée. Au-delà de l’image rétro bien sympathique, ce mode de cuisson se révèle d’une grande efficacité, bien mieux que la cuisinière à bois et infiniment mieux que les autres modes de cuisson, car il est très rapide et économique. 4 ou 5 buches suffisent à cuire une douzaine de litres de légumes (sauces tomates, ratatouilles…) ou de fruits (compotes, confitures…), mis ensuite en bocaux et stérilisés si besoin. Cuire au chaudron est vraiment plaisant !

La serre en automne

Les tomates, aubergines, poivrons et concombres sont toujours en production. Les tomates sont effeuillées par le bas, seule leur partie haute porte encore des fruits. Cela fait des années qu’elles n’ont plus le mildiou, je me demande encore pourquoi !
Les cultures d’automne et d’hiver sont repiquées partout où il y a de la place. La « serre-forêt » reste luxuriante, je taille les figuiers si vigoureux, qui donnent toujours une abondance de figues délicieuses.

Prière pour la paix

Entre deux périodes de formations je suis seul dans les jardins maintenant, et j’avoue que cela fait du bien car la fatigue s’est accumulée ces dernières années. L’accueil reprendra un jour, je ne sais quand, car il engendre tant de rencontres merveilleuses ! Mais devoir former constamment des jeunes débutants demande beaucoup d’énergie… C’est comme la musique : il faut des temps de silence entre les notes pour les apprécier !
Ce silence permet aussi de rentrer de manière plus intime en relation avec les animaux, les plantes, le sol… Je leur parle, leur exprime ma gratitude… et parfois il me semble qu’ils me répondent !
Bouleversé comme vous par la violence insoutenable en Israël, en Palestine, en Ukraine et ailleurs, je me demande comment je pourrais contribuer à apporter davantage de paix dans le monde… Peut-être en mettant le plus possible d’amour et de conscience dans chaque geste ?

Les commentaires sont fermés.

Facebook