Une ferme conçue selon les principes de la permaculture au coeur de la Normandie

Le Bec Hellouin – officiellement classé parmi les Plus Beaux Villages de France – et son abbaye, constituent l’un des sites touristiques les plus remarquables du département de l’Eure.
D’une superficie de 20 hectares environ, la Ferme biologique du Bec Hellouin est implantée sur deux sites distants de quelques centaines de mètres.

les jardins du bec hellouin

Le site de la vallée

La ferme proprement dite se trouve à 1 km du village. Ce site d’1,8 hectares, dans le cadre enchanteur de la vallée du Bec, classée Natura 2000, est une vitrine des concepts de la permaculture et de l’agriculture biologique.

L’application des concepts de la permaculture à l’agriculture vise à créer un « paysage comestible » harmonieux, autonome et durable. Nous cultivons des légumes, des fruits et des petits fruits, des plantes aromatiques et médicinales (800 variétés environ). Une conception originale autorise une production particulièrement intensive, par des moyens naturels, pratiquement sans recours aux énergies fossiles.

A l’ouest de la parcelle, une forêt-jardin (food forest, edible forest, un concept issu des régions tropicales visant à recréer une forêt comestible), où poussent des fruits et des baies de chez nous, mais aussi de différentes régions du monde (gojis, goumis, amélanchiers, ragouminiers, kiwis, aronia, mayberries, amandiers, arbousiers, argousiers, plaqueminiers, genièvres, …). La forêt abrite des vents dominants deux îles-jardin qui bénéficient d’un micro-climat privilégié. La réflexion du soleil sur la surface des mares y contribue. Les roseaux poussant dans les mares servent de fourrage aux animaux et de mulch sur les îles. Une expérience d’aquaculture (carpes communes) est menée, pour le plus grand bonheur des martins-pêcheurs, aigrettes et hérons… Des jardins en agroforesterie associent arbres fruitiers, buttes permanentes et bandes cultivées travaillées en traction animale. Une serre de 600 m2 soigneusement cultivée et des jardins de planches plates selon le système américain d’Eliot Coleman permettent une production maraîchère toute l’année. Un jardin circulaire, le « jardin mandala », de 800 m2, est aménagé avec des buttes permanentes rondes, complémentaires des planches plates. Des petits herbages permettent de conserver des animaux (cheval de trait, âne, poneys, moutons) au cœur de la ferme, renouant ainsi avec l’association si féconde entre élevage et cultures. En 2016 et 2017 ont été ajoutés une mini-forêt jardin de 300m2 environ et un grand espace dénommé « paysage comestible » implanté sur un herbage de 3 hectares.

Tous ces petits milieux interagissent, remplissent différentes fonctions complémentaires et favorisent un micro-climat bénéfique. Le tout est plus que la somme des parties. Rien ne se perd, tout est recyclé à l’intérieur de l’agro-écosystème. La biodiversité cultivée est très importante et les animaux comme les humains ont leur place dans ces jardins. Les animaux sauvages également sont abondants, notamment les oiseaux avec un grand nombre d’espèces observées. Cette biodiversité autorise une plus grande résilience face aux accidents climatiques.

1000 m2 cultivés ont été identifiés et ont fait l’objet d’une étude sur 3 années avec l’INRA et AgroParisTech.

Depuis des années, des agronomes français et étrangers (Japon, Brésil, Cuba…) viennent à la ferme observer l’évolution de notre système.

La création de ces jardins a été une expérience très gratifiante pour nous. Depuis le néolithique, la vallée du Bec, comme les vallées adjacentes, n’a pas été cultivée car le sol y est très peu profond : une couche de terre arable d’une vingtaine de centimètres seulement recouvre un lit de silex et de graviers. Les conditions sont donc particulièrement défavorables au maraîchage. De plus, un fond de vallée est une poche pour l’air froid qui coule des collines environnantes et le gel y est fréquent, jusqu’à fin mai parfois. Pourtant, la mise en œuvre des concepts de la permaculture a permis de créer des vergers et jardins intensément productifs.

Cet agro-écosystème est conçu pour devenir de plus en plus fertile et autonome au fil des ans. Créer de la fertilité, de l’abondance dans un milieu plutôt ingrat, est possible en permettant au potentiel de la nature de s’exprimer. Travailler dans le sens de la vie plutôt que contre elle !

« Le plaisir est aussi une récolte », disait Bill Molisson, le fondateur de la permaculture. La beauté est une forme de nourriture et nous constatons tout au long de l’année  que des jardins harmonieux font plus que nourrir les corps. Ils nourrissent aussi les sens, les émotions et l’âme des humains. Les fermes de demain doivent produire des aliments de qualité, mais également reconnecter les humains à la nature.

jardins en permaculture

Les jardins de l’abbaye

Sur la colline surplombant le village qui porte son nom, le chevalier Herluin – fondateur, en 1034, de bénédictine – est sûrement venu méditer maintes fois, tant la vue extraordinaire porte à la contemplation.

La ferme y dispose de 12 hectares de bois et d’un terrain pentu de 2,4 hectares comprenant des jardins en terrasses, un pâturage pour nos moutons de Ouessant et un verger conservatoire riche de plus de 300 variétés de fruits.

Les jardins en terrasse sont cultivés en traction animale. Des buttes permanentes, orientées perpendiculairement à la pente, et une vigne y ont également été implantés.

La pente du terrain, orientée au sud ouest, permet de capter une quantité plus importante de rayons solaires et favorise donc des cultures primeurs. Les jardins de l’abbaye bénéficient de 5 à 6 semaines de gel en moins, sur l’année, que les jardins de la vallée.

Des aménagements hydrauliques doux, selon les concepts de la permaculture, permettent de recueillir l’eau de pluie en haut de la pente dans un réseau de petites mares, permettant d’irriguer les terrasses à la saison sèche.

 

 

 

 

 

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