Carnet de bord – Novembre 2023

14 novembre 2023

Voici quelques nouvelles de la ferme, mon intention est de partager avec vous, mois après mois, des informations pratiques qui peuvent vous être utiles dans une démarche d’autonomie et de résilience, mais également de maintenir un lien amical entre nous !

La ferme est dans une phase assez particulière puisque je suis maintenant seul sur le site, avec mes enfants à temps partiel. Un défi car jamais cela ne s’était produit depuis la création de la ferme en 2003 ! C’est un choix assumé car j’aspire à renouer un lien plus intime avec les plantes et les animaux et je sens que cela passe par davantage de silence, de solitude et d’intériorité. Il faut dire que les 20 années écoulées ont été conduites à un rythme effréné ! Libérer une partie de chaque journée pour les jardins, prendre le temps de chanter pour les plantes et les animaux, s’émerveiller devant les arbres qui flamboient en automne et les ciels changeants est un challenge tant les sollicitations et les engagements sont nombreux, mais c’est la Vie que j’aime si fort ! Il n’est jamais trop tard pour répondre à l’appel de la Terre !

Charles HERVÉ-GRUYER

Fin des formations en permaculture

Dimanche dernier s’est achevé le dernier cycle de la formation « Microferme ». Une très belle aventure humaine, tout comme la formation « Jardinier-maraîcher » qui s’est terminée un mois plus tôt ! Nous nous sommes retrouvés à 4 reprises au fil des saisons et des liens forts se sont créés entre tous les participants, des liens à cultiver avec plein de chantiers partagés en vue chez les un.es et les autres !

A priori je n’envisage pas de renouveler ces formations malgré leur succès et la demande qui est forte. Je sens le besoin de faire des choix et privilégie les programmes de recherches, les livres de notre collection Résiliences (nous préparons des grands formats !), et les formations en Ecologie intérieure, évoquées en fin de cette lettre.

Vive la houe !

Cette année nous avons davantage exploré les possibilités de la houe, sous la bonne influence de nos amis Samuel et Gareth Lewis, de The hoe farm, en Bretagne. La houe est probablement le plus vieil outil agricole avec le bâton à fouir, et sa simplicité même, ainsi que son coût dérisoire, en font un outil merveilleusement bien adapté à une agriculture manuelle et low tech. Les Lewis gèrent leur microferme entièrement manuellement avec houes, faux et serpes : une grande économie de moyens et une cohérence optimale, qui me font rêver !

Pour un jardin maraîcher bio-intensif sur planches permanentes, je préfère de beaucoup la Campagnole, mais pour des petites parcelles dédiées aux céréales la houe est une solution minimaliste et efficace, surtout si elle est mise en œuvre à plusieurs, comme ici dans le cadre d’une formation. Nous avons testé un ou deux premiers passages à la houe pour préparer une terre très enherbée, puis un dernier passage à la Campagnole pour affiner et cela fonctionne bien.

Si vous aspirez à tout quitter, lisez le livre de Samuel et Gareth La vie simple !

Et pour les céréales jardinées, vive la houe maraîchère !

Nous poursuivons pour la cinquième année consécutive nos recherches sur les céréales jardinées, en partenariat avec l’INRAE de Rennes. Si vous désirez en savoir plus, je vous invite à lire le rapport scientifique 2022 qui sera mis en ligne sur notre site dans quelques semaines (le rapport 2021 est disponible, comme ceux des années précédentes).

Cette année, le seigle a été repiqué en rangs espacés de 30 cm. J’ai pu constater que la houe maraîchère est un outil très bien adapté au désherbage et au buttage des céréales avec des inter-rangs de 30 cm. Ce bel outil est constitué d’une roue, de manches et d’un petit soc (certains modèles proposent une gamme de socs interchangeables). On pousse l’outil devant soi et le désherbage avance vite et bien ! Je désherbe mon seigle et quelques rangs de poireaux qui sont à côté en 15 minutes.

Semis direct de blé jardiné

L’an passé les essais de semis direct avec le semoir Coleman à 6 rangs n’avaient pas bien fonctionné. Cette année nous avons semé un mélange de blés barbus (pour éviter la prédation des oiseaux), fournis par nos amis de l’association Triticum, avec un semoir monorang Ebra (un magnifique outil !). Un petit champ de 300 m3 a été emblavé pendant la dernière formation, début novembre, dans des conditions très humides, ce qui a obligé à bricoler de manière peu orthodoxe : une personne tirait avec une corde le semoir qui s’enfonçait dans le sol détrempé, pendant qu’une autre poussait ! Cela me rappelait mes années de marin : en bateau il faut toujours trouver une solution pour solutionner les difficultés et parvenir au but ! Verdict de ce semis dans quelques semaines… et si tout va bien, moisson fin juillet 2024.

Dans la serre

Gérer seul toute la ferme, même avec de l’aide ponctuelle lors de chantiers participatifs, me mets la pression ! Pour l’instant je concentre mes efforts sous la serre, qui reste luxuriante (clémentines et figues délicieuses !), en ce début novembre. Je ne sais comment je parviendrai à tout faire, mais je soigne au maximum chaque espace pour ne pas à avoir à y revenir trop vite et privilégie des paillis importants, dans les allées comme sur les bacs et planches cultivées. Je suppose que je fais ainsi le bonheur des populations de limaces et de campagnols, et je m’attends à devoir gérer cela au printemps prochain… Heureusement Bibi, notre chat gris, habite dans la serre et il est plutôt bien nourri. Vive la lutte biologique intégrée !

Première couche chaude d’automne et compost de poules

Nous avons profité des ateliers pratiques de la dernière formation pour créer la première couche chaude de l’automne. Elle porte des semis de laitues d’hiver, mâche et épinards.

Nous avons aussi décaissé le poulailler qui est situé dans la serre. C’est une véritable « station de compostage biologique » in situ. Nous y mettons les restes de cultures et les végétaux désherbés dans la serre, les poules s’en nourrissent en partie et tout ceci se transforme en compost enrichi des déjections des poulettes. Une fois par an le compost est sorti du poulailler et mélangé à du fumier frais afin de chauffer, pour être certain qu’il ne reste plus de graines d’adventices. Il est très riche en azote.

Les couches chaudes et le compost contribuent à garder une certaine chaleur dans la serre en hiver. Elles favorisent également la circulation de l’air par convection, ce qui limite la formation du gel.

Couche chaude avec plaques de semis

Compost de poules

Dans la forêt-jardin

Les effets du réchauffement climatique se font vraiment ressentir : aujourd’hui 10 novembre mon jardin est plein de fleurs, la serre de tomates, poivrons et aubergines, et je récolte encore des framboises dans la forêt-jardin ! D’habitude, à cette période de l’année, le gel a déjà détruit ces cultures. Mais le mois d’octobre a été le plus chaud jamais enregistré et l’année 2023 accumule les records de température… Peut-être l’année la plus chaude depuis 125 000 ans ? Il reste des climato-sceptiques ? Pour nous maraîchers, il est indéniable que la saison de culture s’allonge.

D’un bout du monde à l’autre !

Les visites sont tellement variées ! J’ai accueilli ces derniers jours un représentant du gouvernement chinois, venu en mission pour étudier le développement de l’Agriculture biologique dans son pays, puis des Samis, un peuple autochtone d’Europe du Nord, avec qui nous avons partagé nos passions pour la botanique, l’artisanat et le chamanisme ! La mission d’essaimage de la ferme se poursuit de manière intense (les médias sont toujours aussi demandeurs de reportages), bien qu’elle ne soit plus ouverte au grand public.

Adieu, Itchi !

Nos nombreux visiteurs ont certainement croisé Itchi, notre chienne Terre-neuve, tellement affectueuse et prodigue de câlins. Si vous avez lu nos livres vous n’avez pu la rater car elle ne nous quittait pas d’une semelle, même pour les photos ! Itchi vient de partir pour le paradis des bons chiens. Elle faisait partie de la famille, nos enfants ont grandi avec elle. J’aime cette photo d’elle, prise en mai dernier avec Matthieu Ricard, qui a une relation tellement belle avec les animaux. On sent la complicité que Matthieu a su instaurer, grâce à une totale présence et ouverture du coeur. A ses côtés, Itchi arbore un grand sourire angélique !

Merci pour tout Itchi, nous ne t’oublierons jamais !

Place à l’Ecologie intérieure !

A 65 ans, on a encore plus envie d’aller droit à l’essentiel, d’où cette décision de ne proposer en 2024 que des formations en Ecologie intérieure. Les drames qui se jouent actuellement dans le monde sont autant d’invitations à tout donner pour transmettre un monde d’harmonie aux générations à venir. La paix commence au fond de nous, avant de s’étendre à notre entourage par cercles concentriques ! Nous pouvons l’atteindre grâce à un travail approfondi sur nous-même. Lorsque l’on prend soin de soi, on prend soin du monde entier !

L’an dernier, j’ai ressenti à nouveau un très fort appel intérieur à ce que la ferme soit un lieu de guérison pour la nature comme pour les humains, et j’ai décidé de m’engager plus avant sur ce chemin. Associer écologie et travail intérieur : quelle belle synergie !

J’étais thérapeute psychocorporel avant de devenir paysan et, depuis 2015, je propose chaque année à la ferme une ou deux sessions d’Ecologie intérieure. Les témoignages des participant.e.s sont à chaque fois bouleversants. En 2024, en plus du stage de 5 jours Apaiser stress et anxiété par le toucher et le yoga, nous avons décidé d’aller plus loin en proposant une nouvelle formation : Devenir thérapeute psychocorporel. Ce cursus, qui s’étendra d’avril à novembre 2024, permettra de découvrir de nombreux outils de travail sur soi intégrant toutes les dimensions de notre humanité : la reliance à notre corps, à nos énergies, aux autres, à la nature… Les principaux outils proposés seront le toucher, le mouvement (danse, yoga), le son, l’énergétique, la méditation, la connexion avec les éléments naturels.

Cette formation s’adresse à celles et ceux qui sont déjà des professionnels du soin (psychologues, thérapeutes, personnel soignant…), et qui désirent intégrer dans leurs pratiques l’approche psychocorporelle, ainsi qu’aux personnes désirant engager un profond voyage d’exploration d’elles-mêmes, éventuellement en vue d’une reconversion professionnelle.

Les thérapies psychocorporelles font partie des nouvelles thérapies holistiques et brèves. Elles puisent dans diverses traditions anciennes et différentes cultures, tout comme dans les dernières avancées scientifiques contemporaines. Elles me semblent constituer un grand espoir pour aider l’humanité d’aujourd’hui et de demain à cultiver joie et résilience dans un monde mouvant. La formation organisée à la ferme se veut une synthèse ouverte et rigoureuse de pratiques éprouvées, proposées dans un cadre absolument sécurisé et bienveillant. Vous pouvez découvrir le programme complet sur le site www.fermedubec.com, et je suis à votre disposition pour dialoguer avec vous.

Je serais très heureux de vous accueillir dans cette belle aventure humaine et professionnelle. En conclusion de cette lettre, voici quelques témoignages des participant.e.s à nos dernières sessions.

Le stage Ecologie intérieure qui vient de s’achever au Bec Hellouin a été la plus belle expérience qu’il m’ait été donnée de vivre. Quand la bonté, la générosité vous nourrissent pleinement, avec tant de simplicité… Je me suis sentie honorée pleinement, tête, corps et âme. Je me suis réconciliée avec toutes les parties de moi et me sens apaisée et très vivante. Gratitude ! Je voudrais que le monde ressemble à cela ! Lesly.

Je me sens aujourd’hui complètement reconnecté avec moi-même, il y a un avant et un après. Jean-Christophe.

L’ensemble de ce qui a été proposé, dans un contexte d’humanisme vrai et de sérénité, est tout à fait exceptionnel. Les qualités intellectuelles et techniques des intervenants, leur disponibilité, leur écoute et leur expérience sont vraiment impressionnantes. Gilbert.

Le cadre du stage posé dès le premier jour a permis à tous de plonger rapidement dans un espace sécurisant, vrai et plein d’amour inconditionnel. Un stage exceptionnel pour se reconnecter avec soi-même, la nature et l’humanité ! Intense, bouleversant et ressourçant, les mots ne sauraient totalement décrire ce stage. Audrey.

Une expérience unique et magique, à vivre au moins une fois dans sa vie ! Une semaine d’Ecologie intérieure équivaut à plusieurs années de thérapie. Christophe.

Tout est aligné pour un parfait accord entre le corps, l’esprit et l’ouverture du cœur. La puissance de la bienveillance que j’ai trouvée dans ce stage réside dans le caractère solidaire, cette disposition d’esprit est exceptionnelle. Laurence.

Enfin un stage qui touche à l’essentiel, c’est-à-dire à la beauté de l’humanité qui nous habite. L’équilibre parfait, prendre soin de soi et prendre soin des autres. Un stage qui nous invite à oser explorer nos potentialités et notre authenticité profonde. Jean-Cédric.

Crédit de cette dernière photo : Flavia SISTIAGA

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