Vous voulez tout savoir sur la permaculture ? Quelle en est la définition exacte, quels sont les différents principes et comment concevoir votre jardin grâce à la permaculture ?

Vous êtes au bon endroit !

Nous allons aborder le concept de la permaculture sous tous les angles et voir ensemble comment la Ferme du Bec Hellouin a conçu son environnement en s’appuyant sur la permaculture.

Alors c’est parti, plantons les premières graines afin de faire émerger vos projets et partir avec les bons outils !

La Ferme biologique du Bec Hellouin, une ferme permaculturelle

À la Ferme du Bec Hellouin, nous étudions tout particulièrement les adaptations des concepts de la permaculture à l’agriculture biologique. En soi, la permaculture n’est pas une forme d’agriculture, c’est pourquoi nous aimons parler d’écoculture lorsque nous décrivons l’agriculture bio-inspirée que nous pratiquons.

En 2010, 7 années après avoir créé notre ferme, nous avons synthétisé nos recherches en matière de maraîchage biologique : c’est la méthode de la Ferme du Bec Hellouin. Nous avons alors proposé le concept de microferme permaculturelle qui a connu depuis un fort essor, en France, en Europe et dans divers pays. Cette méthode évolue depuis au fil des recherches et des échanges, et ne demande qu’à être adaptée à d’autres domaines que le maraîchage.

Nous sommes persuadés que la permaculture est l’avancée contemporaine la plus pertinente pour réconcilier l’Homme et la Terre. C’est une science, une philosophie, un art de vivre encore très jeune (même si ses principes sont pratiqués depuis la nuit des temps, partout dans le monde, sans qu’ils aient été décrits sous cette forme), riche d’un extraordinaire potentiel.

jardin permaculture

Qu’est-ce que la permaculture ?

Créée dans les années soixante-dix en Australie par Bill Molisson et David Holmgren, la permaculture est un système conceptuel inspiré du fonctionnement de la nature. Depuis des centaines de millions d’années, la nature crée des écosystèmes harmonieux et durables, qui génèrent eux-mêmes les conditions favorables au développement de formes de vie plus évoluées. Permaculture signifiait, à l’origine, « agriculture permanente« , puis le concept s’est élargi pour devenir « culture permanente« , dans le sens de durable. Il s’agit donc d’une tentative pour imaginer une civilisation qui s’épanouisse durablement dans les limites de la planète Terre.

L’être humain, particulièrement en Occident durant les derniers siècles, artificialise les écosystèmes et s’impose de ce fait l’obligation de devoir compenser par son travail, des énergies fossiles et par des intrants les fonctions remplies naturellement par le vivant. Par exemple, la capacité des plantes et des micro-organismes contenus dans un sol vivant à créer de l’humus, en dégradant la roche-mère et la matière organique, à utiliser l’énergie du soleil, l’azote et le carbone atmosphérique, l’eau de pluie, etc.

La permaculture cherche à concevoir des installations humaines harmonieuses, durables, résilientes, économes en travail comme en énergie, à l’instar des écosystèmes naturels.

Le design en permaculture

Les concepts de design permaculturel reposent sur un principe essentiel : positionner au mieux chaque élément de manière à ce qu’il puisse interagir positivement avec les autres. Créer des interactions bénéfiques, comme dans la nature où tout est relié.

Dès lors, chaque fonction est remplie par plusieurs éléments et chaque élément remplit plusieurs fonctions. Les déchets de l’un deviennent les produits de l’autre, permettant au tout d’être davantage que la somme des parties. C’est une vision holistique, organique du monde.

La permaculture repose sur 3 principes éthiques :

  • prendre soin de la Terre,
  • prendre soin des Hommes,
  • partager équitablement les ressources.

La permaculture est tout à fait adaptée à de petites surfaces et propose des solutions low tech, mais reposant sur une observation attentive du milieu et une connaissance poussée du fonctionnement du vivant. Elle favorise l’émergence d’une société solidaire et décentralisée.

Permaculture, écoculture, agroécologie… ?

Contrairement à une idée trop répandue, la permaculture n’est pas un ensemble de techniques de jardinage, mais bien un système conceptuel. Ses applications sont toutefois particulièrement pertinentes dans le domaine de la production agricole : la permaculture permet de concevoir des agroécosystèmes tout à la fois harmonieux, durables, économes et productifs.

La permaculture a un objet large : elle intègre l’agroécologie, la construction écologique, les énergies renouvelables, diverses formes d’économie et de gouvernance respectueuses des êtres humains… dans une vision pragmatique et souple, pouvant être adaptée à chaque territoire, aux besoins et aspirations de chaque personne ou communauté.

La permaculture offre un cadre conceptuel évolutif doté d’une capacité fascinante d’intégration de « bonnes pratiques » issues de différentes traditions, comme des dernières avancées des sciences contemporaines.

Ses concepts peuvent s’appliquer, à priori, à toutes les installations humaines :

  • villes (avec le mouvement des Villes en Transition),
  • entreprises,
  • communautés (les éco-villages),
  • fermes et jardins,
  • etc.

Afin de ne pas réduire la permaculture à une méthode de jardinage naturel, en matière d’agriculture, nous utilisons le terme « écoculture« . L’écoculture est une agriculture permaculturelle, une agriculture qui s’inspire de la nature

L’agroécologie regroupe des techniques agricoles respectueuses de l’environnement et des êtres humains. Elle a pour objectif de trouver un équilibre entre les enjeux environnementaux, sociaux et écologiques. Elle a été formulée vers le milieu du XX° siècle et l’écoculture, à notre sens, est une approche plus contemporaine, qui intègre tout ce que l’agroécologie porte de positif, tout en allant plus loin dans le sens d’une imitation des écosystèmes naturels. Il n’y a donc pas d’opposition entre elles.

Quelques grands principes de permaculture

L’observation des écosystèmes naturels nous donne quelques notions simples et puissantes :

  • Les cycles sont bouclés : les déchets de l’un sont les ressources de l’autre — nos amies les poules consomment les restes de cultures et nous fournissent un compost très riche pour les cultures.
  • Chaque fonction importante est remplie par plusieurs éléments — le compost vient de nos poules, mais aussi des composts à chaud que nous réalisons à partir de matière organique (nos restes de cultures) et de fumier.
  • Chaque élément remplit plusieurs fonctions — le poulailler abrite les poules et son toit contient des bacs de cultures ainsi que des bacs pour nos semis.

Ainsi, le tout est plus que la somme des parties. Rien ne se perd, tout se transforme !

Un jardin permaculturel au Bec Hellouin

Il n’y a pas un jardin permaculture dans notre ferme, mais bien des jardins permaculturels !

D’ailleurs, les deux sites que comporte la ferme sont bien différents. Situées au dessus de l’abbaye et du village du Bec Hellouin, les terrasses accueillent des vergers, des animaux, jardins, buttes de culture permanentes et mares. Le tout encerclé par la forêt.

Le site de la vallée, lieu principal de production, comporte :

  • Plusieurs forêts-jardins : une grande forêt jardin en fer à cheval pour abriter les îles-jardins des vents dominants, une forêt-jardin sauvage comme refuge de biodiversité et une mini forêt-jardin orientée sud et proche de l’eau, très productive en fruits, petits fruits, plantes aromatiques.
  • Des vergers maraichers où des « planches plates » de légumes (salades, haricots, carottes, choux…) côtoient des arbres fruitiers. Ces vergers maraîchers sont également utilisés pour la culture des céréales jardinées.
  • Deux îles-jardins sur buttes permanentes pour augmenter le nombre de plants par m², ajouter de la profondeur de sol et contribuer à la beauté du jardin. Elle sont encerclées par une mare et par la grande forêt-jardin.
  • Une serre orientée sud, travaillée pour la rendre bioclimatique (doubles parois, bacs de cultures surélevés qui font office de batteries passives, mares, arbres et « jardin créole » pour créer un microclimat et acueillir la biodiversité, poulailler avec toiture cultivée pour gagner quelques degrés, des couches chaudes en hiver en guise de matelas chauffant qui sera par la suite utilisé en paillage pour les cultures…). Elle est cultivée en planches de culture plates et bacs. Une serre atelier attenante facilite l’accès aux outils, au sein du cœur intensif de la ferme.
  • Un « paysage de résilience« , conçu pour rester productif même en l’absence d’énergies fossiles. Il comporte notamment des pré-vergers pour la production de fruits et le pâturage holistique des animaux ; un chemin creux bordé de haies fruitières et différents couloirs de biodiversité. Avec aussi une abondance de points d’eau.
  • Un étang.
  • Des jardins de bois.
  • Des champs cultivés en traction animale pour les céréales et les légumes de plein champ.

Comment débuter en permaculture ? (Ou la permaculture pour les nuls :-))

Pour la théorie, les ouvrages de Bill Molisson et David Holmgren font référence, même si depuis une abondante littérature a fait évoluer les concepts.

Si vous vous demandez comment concevoir votre jardin en permaculture et aménager un potager, une microferme, vous trouverez dans nos ouvrages (dont « Vivre Avec la Terre » et « Se nourrir de son jardin »), des outils de design permaculturel.

Le design permaculturel comprend plusieurs éléments :

Les zones

Il s’agit d’un « classement » des espaces selon un ordre de priorité. La zone 0 est très souvent la zone d’habitation, là où nous passons le plus clair de notre temps, alors que la zone 5 sera une partie totalement sauvage. À la ferme du Bec Hellouin, la zone 1, que l’on appelle le cœur intensif, est la zone où nous travaillons quotidiennement nos cultures et une zone 3 sera nos pré-vergers où pâturent nos moutons.

Les secteurs 

Il s’agit ici de prendre en compte les éléments extérieurs comme l’ensoleillement, les vents, la circulation de l’eau, les vues, le voisinage et les éventuelles sources de pollution. À la ferme, une haie a été plantée le long de la route pour « gommer » son existence.

Les axes de circulation et les réseaux (eau, électricité, téléphone, tout-à-l’égout, etc.)

À la ferme, nos chemins sont parcourus de nombreuses clôtures pour éviter que les animaux n’accèdent au potager en permaculture.

Les reliefs

En pente ou en plaine, le design ne sera pas le même.

Le climat et les microclimats

Ces indicateurs sont très importants. Les différentes cultures sont positionnées aux endroits les plus favorables.

L’étagement 

Dans la nature et notamment les forêts, la végétation est presque toujours étagée. À la ferme nous aimons particulièrement les modèles de forêt-jardin.

Le temps 

La saisonnalité, les cycles des plantes, l’évolution du paysage dans la durée (les arbres notamment), sont à intégrer. À la ferme nous pratiquons les associations de cultures qui nous permettent de cultiver ensemble des légumes à cycle court avec des légumes à cycle long par exemple et ainsi éviter de laisser la terre à nue.

L’effet lisière 

Dans la nature, nous observons que les limites entre deux écosystèmes (prairie/forêt par exemple) sont plus productives. Pour augmenter cet effet, il est possible de travailler les limites terre/eau ou de travailler des courbes par exemple.

Le design est en effet la première étape pour faire son potager avant de se lancer dans la plantation effrénée !

Par où commencer son potager permaculturel ?

Prenez le temps de définir votre projet avant de planter quoi que ce soit : quelles sont vos envies, votre rêve, quelles sont vos contraintes et vos points forts tant d’un point de vue physique/matériel/financier qu’émotionnel et humain ?

La permaculture vise à créer un jardin autosuffisant et respectueux de l’environnement, à condition d’observer et de respecter l’environnement !

Aussi, prenez le temps d’observer votre jardin et de voir son évolution au cours des saisons. Analysez l’environnement, les reliefs (haies, bordures, massifs…), soyez attentif à la nature de votre terre, au climat, à la faune et la flore qui vous entoure, aux différentes formes de vie, comme les insectes « nuisibles », les prédateurs ou les « ravageurs » comme ils sont si communément appelés (et pourtant !).

Vous pourrez ainsi « dessiner » le jardin le plus pertinent à son contexte (climatique, géographique, personnel) et vos envies. Un potager permaculturel sera plus facile à entretenir et plus productif dans un design bien pensé et adapté à son jardinier.

Dessiner son potager en permaculture

Après cela, sortez papier, crayon et dessinez. Pensez comme la nature, suivez vos envies et lâchez prise sur le résultat. Ce design sera le socle de votre projet, mais pas votre projet en lui-même ! Il y aura un écart entre le schéma et le réel car quand arrivera le moment de tout mettre en œuvre, sur le terrain, vous « sentirez » les choses un peu différemment. Donc si un arbre est planté 3 mètres plus loin, rien de grave ! Il serait par contre dommage de mal positionner une serre !

Plantations, arrosage, compostage, paillis, désherbage (ou pas !), rotations des cultures, potager en carrés ou jardin mandala… Faire du jardinage sera un vrai plaisir, car vous aurez tout pensé en amont ! S’appuyer sur la nature pour faire son potager est la clé pour que la nature vous le rende bien !

Et si vous voulez aller plus loin ou confronter votre design, nous proposons une formation dédiée à la conception et la gestion d’une microferme.

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